Bonjour et bienvenue au Journal de l’Histoire !
Pour commencer ce 1er épisode d’une série dédié à notre ancienne capitale de la Gaule : Lugdunum (ou Lyon), nous allons nous intéresser au 1er pont de la ville et du Rhône, le pont de la Guillotière, qui sera le point de départ de nos aventures Lyonnaises !
Pourquoi cette ville et ce pont en particulier me direz-vous ?
Et bien comme vous le verrez ils seront notre point de départ liant nos futurs émissions.
Lyon ayant été tantôt capitale des Gaules, tantôt mystérieuse ou encore à la pointe de l’innovation, sont patrimoine millénaire est loin d’avoir révélé tous ses secrets.
Et puis qui de mieux placer que des guignols pour vous parler de notre ancienne capitale !

Le pont de la Guillotière tire son nom du quartier du même nom, dont l’origine est sujet à diverses interprétations.
Il a une aura toute particulière, étant l’un des grands chantiers urbanistiques du XIIIe siècle Lyonnais.
Il permet également de mesurer la difficulté de construire un pont sur le Rhône à travers les âges et l’acharnement de l’homme à cette réalisation.

Le Rhône étant un fleuve réputé dangereux déjà à l’époque Romaine il était indispensable d’avoir un pont permettant ça traversé !
Petite anecdote : en 218 avant notre ère, Une partie de l’armée romaine sous les ordres de Scipion préféra remonter le Rhône sur 4km à vive allure pour trouver un lieu de passage approprier plutôt que de le traverser frontalement avant d’affronter Hannibal, ses 80 000 hommes et ses 37 éléphants en Italie !

L’histoire de ce pont commence à proprement parler à la fin du XI siècle, peu d’informations sur son emplacement exact ou son histoire nous sont parvenus avant cette période.

Nous avancerons donc directement dans le temps en nous basant sur les informations que nous avons trouvé dans les archives de Lyon que Philippe va nous décrypter.

En 1090, les frères pontifes construisirent un ouvrage sur pilotis de bois afin que les troupes du Roi de France Philippe Auguste et d’Angleterre Richard Cœur de Lion l’utilisent pour partir ensemble lors de la 3ème croisade.
Un siècle plus tard celui-ci s’écroulera sur le passage des mêmes troupes partant pour la 4ème croisade.
A la suite de cette incident la ville décida de reconstruire le pont légèrement en aval du 1er mais cette fois-ci à l’aide de pierres, du moins en partie.

Il faut imaginer le prix d’un tel édifice pour le début du XIII siècle, l’état et la ville ne pouvant financer un tel projet, il ne restait que l’appel aux dons et éventuellement la quête…
Les Lyonnais et les habitants de la région étant généreux, beaucoup donnèrent une partie de leur fortune.
Jusque dans la Loire, des concitoyens prévoyaient dans leurs testaments une somme pour l’aide à la construction du pont de Lyon, toujours sous la direction des Frère pontifes, puis, peu après leur abandon, par les moines de l’abbaye de Hautecombe et de la Chassagne.

Mais malgré tout, les travaux n’avancèrent pas, on engloutissait des forêts entières appartenant à l’abbaye et en 1334 les 2 premières arches ne sont toujours pas achevées.
A chaque crue du Rhône, les eaux emportèrent la maçonnerie et l’on pouvait entendre « Que d’argent jeté au Rhône »

Le consul de Lyon prie donc le chantier en main.
Mais en 1350 la structure du pont essentiellement constituée de bois est si dangereuse que l’on préfère encore traverser le fleuve en bateau.
A la fin du XIVème siècle le pont est régulièrement utilisé sans doute par les attelages et traversé de marchandises.
La partie bois qui reposait sur de la maçonnerie était toujours autant instable à cause des crues qui se succédèrent.

Afin de trouver de l’argent pour continuer la construction du pont, Charles V doubla les tarifs de « la barre » car comme les péages modernes les voyageurs devaient s’acquitter d’une taxe pour traverser le fleuve :
-2 obole par piéton.
-4 Deniers par Cavalier.

Pour se rendre compte du travail accompli en près d’un siècle il faut avancer jusqu’en 1509, Louis XII revenant d’Italie après la victoire d’Agnadel arriva à Lyon et lors de sa traversée une partie du pont était encore en bois.
Il restait à ce moment-là neuf piles et huit arches en pierre à construire.
Ce travail demandera plus de 50 ans pour que la construction soit finalement terminée en 1570.

Il aura fallu presque 360 ans pour arriver à un résultat satisfaisant compte tenu des divers crédits, besoin financier et des évolutions techniques sur les 3 siècles écoulés.
Le pont fait plus de 500m sur 20 arches et s’étend de la place Gabriel Péri jusqu’au milieu de la rue de la Barre.
Par la suite il y est intégré un système de fortification en raison du climat d’insécurité entre les territoires du Lyonnais et celui du Dauphiné : une porte est construite à son entrée côté ville et une des arches est aménagée en pont-levis.

L’année 1711 sera un tournant dans l’histoire du pont de la Guillotière, suite à un accident ridicule dont tu parlera surement plus tard nommé « Tumulte du pont du Rhône » ou « Bousculade du pont de la Guillotière » et qui causa 216 morts et 25 noyés.
Tout au long du XIXe siècle l’édifice subira diverses améliorations, le pont-levis sera supprimé puis le pont sera élargi par des arcs en fonte supportant des trottoirs et enfin sa longueur sera réduite à deux reprises pour ne faire que 252m sur les 500 originel.


Durant la 2nd guerre mondiale le pont est dynamité par l’armée allemande (1944), mais seule une arche sera détruite puis reconstruite après-guerre en 1948.
Peu après, la solidité du pont est remise en question et la démolition complète du premier pont du Rhône est décidée en 1952.
La décision d’en construire un nouveau plus moderne sera prise en 1954 et c’est sur cet ouvrage que les Lyonnais continuent encore à passer pour se rendre au centre-ville.

Cet épisode est terminé et nous espérons qu’il vous a plu !
Dans notre prochaine émission nous continuerons à parler de Lyon qui comme vous le verrez a eu un destin atypique, ponctué de moments d’héroïsme ayant engendré des concours de circonstances bénéfiques (ou pas) pour les Lyonnais.

N’hésitez pas à vous abonner, activer votre cloche, nous mettre un petit pouce bleu ou tout simplement à nous dire en commentaire ce que vous avez pensé de cet épisode.
Pour les plus érudits vous pouvez également consulter l’article disponible sur notre site expliquant les notions d’ingénieries nécessaire à la réalisation d’un tel édifice.

A la prochaine et n’oubliez pas :
Vous, écrivez l’histoire ! – vous aussi d’ailleurs, ingrat!

Sources :
Wiipédia
Patrimoine Auvergne et Rhône Alpes
Openedition
Bechevelin CanalBlog
Instant Lyonnais
La ficelle : Magasine 45. Nov 2012