Vous avez tous déjà vu des hiéroglyphes égyptiens, que ce soit en photo ou en vidéo.
Nous sommes tous d’accord pour dire que c’est un style d’écriture extraordinaire ! Mais comment un petit isérois d’une famille modeste et nombreuse a-t-il pu les décoder et devenir le père d’une science nouvelle qui deviendra l'Égyptologie ?

Champollion est un personnage qui m’a toujours intrigué.
Déjà car on en parle assez peu, mise à part pour rappeler qu’il est celui qui aura finalement réussi à traduire les hiéroglyphes égyptiens.
Mais quel homme se cache derrière le paléographe de génie ?

Comme dit dans notre épisode pilote, l’Egypte est ce qui nous à pousser à faire ces émissions, il nous semblait normal de rendre hommage à celui qui par extension se trouve à l’origine de notre travail !

Jean-François Champollion est né en Décembre 1790, soit en pleine révolution française.

Très jeune, il est doué pour les langues et apprend tout seul dès l’âge de cinq ans à lire dans un missel.
Apprendre à lire tout seul n’est pas une mince affaire mais quand en plus on réalise cet exploit grâce à un livre liturgique, dans lequel on trouve tous les textes nécessaires à la célébration de la messe : chants, prières, Eucharistie, difficile de ne pas lui reconnaître un certain talent.

Il est élevé principalement par son frère Jacques-Joseph qui partira de la maison familiale pour Grenoble alors que le petit Jean-François n'a que 8 ans.
Il entre à l’école en novembre  1798 et rencontre de très grandes difficultés en mathématiques et en orthographe.
Il a un précepteur, l’abbé Jean-Joseph Calmelsh, qui l’ouvre à la culture et lui enseigne des rudiments de latin, de grec ancien et d’histoire naturelle.
Son grand frère s’occupe encore de lui malgré la distance par une abondante correspondance.

Fin mars 1801, il quitte sa famille et part de Figeac pour rejoindre son frère qui dirigera finalement son éducation en lui donnant lui-même des cours.

La tâche étant beaucoup trop lourde, il décide de confier son élève à un nouvel abbé, l’abbé Dussert, pédagogue réputé de Grenoble.
Champollion est son élève durant 2 ans.
Il lui enseigne le latin, le grec, aborde l’étude de l'hébreu, acquiert des rudiments d'arabe, de syriaque et de chaldéen, encouragé par l’abbé et son frère qui, en grand admirateur de l'Orient, lui transmet son goût pour l'archéologie.

En mars 1804, il est admis avec une bourse dans la nouvelle institution créée par Napoléon, le lycée impérial de Grenoble - actuel lycée Stendhal -, après en avoir brillamment passé le concours d’entrée, lycée qu’il fréquente jusqu'en août 1807.
Il a pour maître l’abbé Claude-Marie Gattel, qui l’aide dans son apprentissage linguistique, et le botaniste Dominique Villars.
Concrètement, il n'y est pas très heureux car il se plie mal à la discipline presque militaire du lycée.
Les contacts étroits et fréquents avec son frère Jacques-Joseph, nouveau secrétaire de l'Académie delphinale, mettent l'Égypte au centre des préoccupations des deux frères, puisqu'en juin 1804, Jacques-Joseph fait à cette académie une communication sur les inscriptions de la pierre de Rosette et publie deux ans plus tard une lettre sur une inscription grecque du temple de Denderah.

Durant ses années au lycée impérial de Grenoble, il crée une « Académie des Muses » avec d’autres élèves, pour débattre de littérature et est conduit à commenter un passage de la Genèse en hébreu devant le préfet Joseph Fourier.
Grâce à qui Il rencontre en juin 1805, Dom Raphaël de Monachis, moine grec proche de Bonaparte ayant participé à l’expédition Napoléonienne en Égypte ayant pris fin en 1801.
Il est probable que celui-ci lui démontre que le copte vient de l’égyptien ancien. Il veut alors s’engager dans l’étude de cette langue, mais il ne peut s’y engager car Grenoble offre trop peu de ressources.
C’est à cette époque que naît sa passion pour les hiéroglyphes égyptien, il écrira d’ailleurs en janvier 1806 une lettre à ses parents démontrant son amour profond pour l’Egypte :

« Je veux faire de cette antique nation une étude approfondie et continuelle. L’enthousiasme où la description de leurs monuments énormes m’a porté, l’admiration dont m’ont rempli leur puissance et leurs connaissances, vont s’accroître par les nouvelles notions que j’acquerrai. De tous les peuples que j’aime le mieux, je ne vous avouerai qu’aucun ne balance les Égyptiens dans mon cœur. »

Pour continuer ses études, il veut partir pour Paris, Grenoble limitant les possibilités de recevoir un enseignement très spécialisé.
Son frère part d’août à septembre 1806 à Paris pour chercher à obtenir l’admission de son frère dans un établissement spécialisé.
Alors qu'il vient de quitter le lycée et qu'il possède les meilleures armes pour entreprendre une carrière d'orientaliste, Jean-François Champollion présente le 1er septembre 1807 à l’Académie des sciences et des arts de Grenoble un Essai de description géographique de l’Égypte avant la conquête de Cambyse.
La prestation surprend et intéresse tant que six mois plus tard, il est élu membre correspondant de cette académie.

Le 13 septembre 1807, il arrive enfin dans la capitale pour étudier entre autres, le copte et l’amharique.
Dom Raphaël de Monachis lui fait connaître un prêtre égyptien, Geha Cheftitchi, qui lui apprend le copte.
Il est si doué qu’en décembre, un homme nommé Id Saouda le prend pour un Arabe…

Un jour de 1808, un de ses camarades lui annonce que l'archéologue Alexandre Lenoir vient de publier un déchiffrement complet des hiéroglyphes égyptiens. Bien que cette publication soit fantasque, cela décide Champollion à porter une partie de ses études sur le déchiffrement des hiéroglyphes.

En deux ans, il surpasse ses maîtres et devient à son tour professeur. Il revient en octobre 1809 à Grenoble comme professeur suppléant d’histoire à l’université où son frère aîné vient d’être nommé à la chaire de littérature grecque.

Entre 1809 et 1820 il publie de nombreux travaux sur les hiéroglyphes et tente de les déchiffrer grâce à ses grandes notions d’arabe et de Copte.
Il en rédige même une grammaire et étudie le texte démotique de la pierre de Rosette en faisant table rase des précédentes tentatives de déchiffrement.

A partir de 1821, Champollion déchiffre les premiers cartouches royaux, dont celui de Ptolémée V sur la pierre de Rosette, du moins une copie de celle-ci car il n’aura jamais l’occasion voir la vraie.
Puis celui de Cléopâtre sur la base d'un obélisque et sur un papyrus bilingue.
Un ami, l’architecte Jean-Nicolas Huyot, lui fit parvenir des reproductions de détails issus des temples d'Abou Simbel qui venaient tout juste d'être découverts.
Cela lui permit de repérer dans un cartouche le signe solaire de Râ (Rê) ainsi qu’un autre signe qu'il savait être M et deux S : RâMSS, donc Ramsès, ce qui en même temps signifie « Râ l’a mis au monde ». Idem pour ThôtMS, Thoutmôsis : le 14 septembre 1822.
Il peut donc aussi lire les noms égyptiens ! Il fait irruption dans le bureau de son frère et déclare triomphant « je tiens mon affaire » puis la tradition veut que le déchiffreur tombe sans connaissance, épuisé par ses recherches et ne reprenne conscience qu'au bout de cinq jours.

Dès lors, Champollion dresse un tableau de correspondance : ce tableau recense les lettres grecques et leurs équivalents en démotique (égyptien copte) et en hiéroglyphes. Le copte est essentiel car il est la dernière forme de l’égyptien pharaonique. La publication de ce tableau et la traduction de la pierre de Rosette achèvent le déchiffrement des hiéroglyphes.

Ce déchiffrement signe l'acte de naissance d'une nouvelle science, l'égyptologie !

Le 27 septembre 1822, il écrit une lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques dans laquelle il fait part de sa découverte d'un système de déchiffrement :

« L’écriture hiéroglyphique est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque dans le même mot. »

En 1824, Champollion publie enfin son Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens.
Ses découvertes suscitent cependant controverses et critiques de la part de ses contemporains mais il sera tout de même nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1825.

En 1826, il passe plusieurs mois à Turin, en Italie, pour étudier les collections égyptiennes de Bernardino Drovetti, consul de France en Égypte.
De passage à Livourne, il convainc le roi Charles X d’acquérir la collection d’Henry Salt, consul général britannique au Caire. Cette collection constitue le premier fonds égyptien du musée du Louvre dont Champollion sera nommé conservateur par ordonnance royale la même année.
Champollion rédige d’ailleurs une notice descriptive des monuments égyptiens du Musée Charles X qui sera le premier catalogue des collections égyptiennes du Louvre et fait acquérir la seconde collection de Drovetti forte de près de 2 000 objets en 1827.

L’Année suivante, son rêve est exaucé ! Il embarque pour une expédition scientifique en Égypte qui le mènera au fil du Nil, d’Alexandrie en Nubie. Là, il explore les sites, fait des relevés et met à l’épreuve son système de traduction directement sur le terrain.
C'est lors de cette mission qu'il écrit à son frère :

« Jeté depuis six mois au milieu des monuments de l'Égypte, je suis effrayé de ce que j'y lis plus couramment encore que je n'osais l'imaginer. J'ai des résultats extrêmement embarrassants sous une foule de rapports et qu'il faudra tenir sous le boisseau. »

Il va passer 17 mois en Égypte, cette expédition lui permet de confirmer sa découverte et d'identifier les temples et les monuments funéraires de la vallée du Nil.
De retour en France, il est élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres après la chute de Charles X, et est nommé à la chaire d’égyptologie du Collège de France créée spécialement pour lui.

Poste dont il ne profitera pas longtemps, Il emploie ses dernières forces à rédiger « la Grammaire nubienne », son passeport pour l’éternité, selon ses propres termes qui sera publiée par son frère à titre posthume.
Il meurt à Paris le 4 mars 1832, à l'âge de quarante et un ans. La cause exacte de sa mort ne fait pas consensus.

Nombreux sont les hommages rendu au père de l’égyptologie :
Son nom est donné à plusieurs lycées à travers la France, ainsi qu'à l’institut National Universitaire d'Albi et de Rodez.

En 1905, la veuve du sculpteur Bartholdi fait don à la ville de Grenoble d’une statue en plâtre de deux mètres qui sert de modèle à la sculpture en marbre du Collège de France à Paris.
Celle-ci se trouve depuis 1994 au Musée de Grenoble.

En 1970 il eut même le privilège d’avoir un cratère lunaire à son nom, donné symboliquement par l’Union Astronomique internationale.

Un musée consacré à Jean-François Champollion est créé dans sa maison natale à Figeac dans le Lot.
Inauguré le 19 décembre 1986 en présence du président de la République française François Mitterrand.
Outre la vie et l'œuvre du découvreur, le musée retrace l'histoire de l'écriture.

Nous arrivons au terme de cette émission et nous espérons sincèrement que celle-ci vous à permis de mieux cerner et comprendre l’homme à l’origine du décryptage des hiéroglyphes et père de cette science fascinante qu’est l’égyptologie.

N’hésitez pas à vous abonner et à activer votre cloche pour être prévenu de notre prochaine émission et à nous dire en commentaire si tout comme nous l’histoire de l’Egypte vous fascine !

Si vous nous suivez sur les réseaux sociaux, vous avez dû m’entendre parler d’un gros projet sur lequel nous travaillons avec Philippe pour 2024 .

Nous avons dans l’idée de réaliser quatre reportages en Égypte accompagnés du très grand égyptologue français Mr Vassil Dobrev.

Dans ce but nous allons solliciter des institutions et entreprises susceptibles de nous aider mais également votre participation, si tenté que ce projet vous intéresse.

Nous devrions lancer dans les mois qui arrivent un petit financement participatif, nous permettant de réaliser ce gros projet et nous espérons que vous aurez plaisir à nous aider!

En attendant de pouvoir lancer tout ça nous avons beaucoup de boulot avec Philippe et devons nous remettre au travail pour écrire les quatre reportages en question !

C’est un peu comme réécrire l’histoire sauf qu’ici le but sera de la comprendre !

Sources :
- www.Wikipédia.fr
- www.museedegrenoble.fr
- www.passion-egyptienne.fr
-https://boutique.arte.tv/detail/dans-le-secret-des-hieroglyphes-freres-champollion

Lien vers notre futur financement participatif : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/egyptologie-la-noblesse-d-une-discipline